Quand les circonstances l'imposent: récit d'Erika, deux enfants
"La douleur est l'angoisse commune qu'ont les femmes se préparant à accoucher. Etant infirmière et sachant que l'on n'a pas besoin de souffrir inutilement, la question de la péridurale s'est imposée comme une évidence. Je n'ai jamais considéré la péridurale comme une aide pendant le travail et la délivrance, au contraire, je savais très bien qu'elle risquait de rendre la poussée difficile. Cela n'a en rien influencé ma décision, je voulais une péridurale et c'est tout.
Quand j'ai perdu les eaux pour mon second enfant, je partais du principe que j'allais vers un accouchement plus ou moins identique à celui de mon premier, c'est à dire très long et presque indolore! Je me trompais complètement. Au départ, mes contractions étaient « normales », mais en très peu de temps, elles sont devenues insupportables au point que je suppliais la sage-femme de me faire une péridurale.
Je ne le sav ais pas, mais il était déjà trop tard. Lorsque la sage-femme m'a examinée, j'étais déjà à dilatation complète, il était plus que temps de passer en salle d'accouchement. Je n'ai pas eu le temps de digérer l'information, c'était trop rapide, il fallait que je pousse, c'était plus fort que moi. J'ai donc poussé de toutes mes forces, de manière complètement involontaire, car je ne contrôlais plus rien, c'était mon corps qui me dictait la marche à suivre. A un moment, je me suis sentie complètement paniquée car j'ai réalisé qu'il n'était plus question de péridurale, et que j'allais accoucher « à l'ancienne »! La douleur ne ressemblait à rien de ce que j'avais déjà pu vivre, je sentais chaque centimètre de mon bébé sortir de moi, et c'était à la fois effrayant, intense, bref, je me sentais comme submergée. Je considère cette expérience comme une des plus incroyables que j'ai jamais faite, rien n'était dissimulé, je me sentais alerte et complètement active dans la naissance de mon enfant.
Lorsque mon bébé est né, je l'ai bien sûr pris contre moi, comme je l'avais fait avec le premier sauf qu'à ce moment là, j'étais extrêmement groggy par la péridurale. Là, je me sentais plus présente, plus énergique. J'ai mis beaucoup moins de temps pour récupérer. Je n'ai aucun regret, mes deux accouchements ayant été différents, ils ont tous les deux résulté par la naissance de deux bébés en pleine forme. Si je décide d'avoir un troisième enfant, je ne sais pas si je vais demander une péridurale.
En effet, je suis heureuse que les circonstances m'aient « forcée » à accoucher naturellement, c'était une magnifique expérience. J'ai réalisé que le rôle de cette douleur était de nous aider à sortir ce bébé de notre corps, et que la péridurale inhibe complètement cette sensation. Je me sens chanceuse d'avoir pu vivre ces deux expériences et de pouvoir les comparer.
Alors finalement, péridurale ou non, nous en faisons le choix, parfois le choix s'impose de lui-même, mais il faut juste se rappeler que le plus important, c'est que nous avons le choix."
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