©Nathalie Rello
Sur ses lieux de travail en tant que professionnel de la Petite Enfance et dans le cadre de sa vie privée, Philippe Rello a recueilli de nombreux questionnements et témoignages de parents. Aujourd'hui, il partage ses «Parents thèses» sur Petitestetes.com
Philippe Rello est actuellement engagé dans la formation de professionnels de la Petite Enfance. www.partagem.fr
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Petits creux
Une chronique de Philippe Rello
Camille et Maeva ont un appétit d’oiseau. Le matin, au réveil, elles déjeunent petitement. C’est ainsi et ce que peuvent en dire certains pédiatres ou certains magazines spécialisés dans l’enfance ou la nutrition n’y change rien.
Aussi, il n’est pas rare qu’en milieu de matinée, leur estomac crie famine. En réponse à ce besoin, leur Papa veille chaque matin à mettre dans leur cartable un petit encas. Elles le mangent au moment de la récréation, si elles en éprouvent le besoin. Il n’y a aucune obligation de consommer.
Le père de Camille et de Maeva travaille souvent à domicile. Son bureau n’étant pas très grand, Il a pour habitude de s’installer dans la cuisine et d’étaler ses affaires sur la table. Un mercredi, il travaillait à la rédaction d’un document à fournir urgemment à son employeur. La réalisation de cet écrit exigeant de la concentration, il avait informé ses enfants qu’il avait besoin de calme et leur avait demandé de veiller dans la mesure du possible à ne pas le déranger le temps qu’il ait terminé. En milieu de matinée, Camille et Maeva ont commencé à aller et venir autour de leur Papa, à le solliciter : « Est-ce que je peux avoir ci, est-ce que je peux prendre ça, est-ce que tu peux m’aider à faire ci, etc. » Elles ont bien compris qu’il était occupé mais elles avaient vraiment besoin de son aide et de son autorisation pour répondre à ce besoin du moment. En fait, Camille et Maeva avaient faim. Au début leur Papa était un peu agacé de tout ce mouvement autour de lui. Il a commencé à reprocher à Maeva et à Camille de faire du bruit. Il leur a dit qu’elles n’avaient qu’à manger suffisamment au petit déjeuner, connaissant pourtant leur petit appétit au réveil. Et puis, en tant que parent responsable, il s’est apaisé et a considéré leurs demandes. Il a fait de la place sur la table, les a invitées à s’asseoir et leur a servi un petit encas. Une fois leur faim calmée, elles sont retournées jouer dans leur chambre et leur Papa a pu se remettre au travail.
Le mercredi d’après le père de Camille et de Maeva a tenté une expérience en faveur de leur autonomie et indirectement de sa tranquillité. Il a préparé deux petits plateaux (ou assiettes) de couleurs différentes, un pour Camille, un autre pour Maeva. Chaque plateau contenait quelques aliments de natures et en quantités adaptées. Maeva n’ayant pas encore la taille suffisante pour atteindre l’étagère du haut du réfrigérateur, il a libéré l’étagère du bas sur laquelle il a entreposé les plateaux. Ainsi elle y aurait accès facilement.
Avant de mettre en œuvre cette démarche, le Papa de Camille et de Maeva a pris le temps de leur présenter celle-ci et d’en préciser les règles :
- 1 plateau pour chacune, avec les mêmes aliments, en mêmes quantités,
- Elles peuvent tout manger d’un coup, ou bien en plusieurs fois, ou ne rien manger si elles n’en n’éprouvent pas le besoin. Quoi qu’il en soit il n’y aura rien en supplément.
- A 10h45 les plateaux sont rangés afin que les enfants n’arrivent pas au déjeuner sans plus aucun appétit.
Camille et Maeva seraient désormais en mesure de répondre elles-mêmes à leur besoin de grignoter en cours de matinée. Elles ne seraient plus dépendantes de la disponibilité et du bon vouloir de leur Papa.
Elles se sont bien appropriées cette démarche que leurs parents ont étendue au week-end. Démarche qu’ils ont progressivement ajustée puis abandonnée, l’appétit de leurs enfants au petit-déjeuner ayant évolué et ne nécessitant plus cet aménagement.
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