A l’occasion des 5èmes rencontres Asmae*, Jean Epstein, psychosociologue, a montré l’importance du jeu dans le développement de l’enfant.
Le jeu c’est la vie, l’enfant joue 24h/24. Tous les enfants jouent. Les enfants qui travaillent, ceux qui vivent dans la rue, jouent aussi à leur façon. Ils détournent les objets et les situations du quotidien.
Dans les pays occidentaux, le jeu est enfermé dans un espace et un temps, il est associé à des objets. Le jeu se fait éducatif. Les jouets sont élaborés pour favoriser le développement des enfants, l’éveil de leurs sens. La vue, l’odorat, le toucher, le gout et l’ouïe seront plus ou moins privilégiés en fonction des cultures. On a tendance à confondre jeu et activité. A force de vouloir « faire jouer utile » pour développer une compétence, on risque de tomber dans l’activisme…
Or le jeu n’est pas seulement une activité. Ainsi, Jean Epstein distingue quatre besoins fondamentaux qui trouvent leur épanouissement à travers le jeu.
Faire jouer pour apprendre des règles
En grandissant l’enfant découvre qu’il n’est pas le centre du monde, et qu’il doit se conformer aux règles de vie en société. Proposer des temps de jeu guidés par l’adulte contribue à cet «apprentissage ».
Jouer ensemble aux jeux de société, assembler un puzzle, jouer au mémo sont autant d’occasions d’apprendre ces règles. L’idéal est de choisir un jeu ni trop facile, ni trop difficile, pour permettre à l’enfant de faire preuve de persévérance sans se décourager.
Si le jeu est basé sur le principe de plaisir, c’est aussi l’occasion pour l’enfant d’apprendre à perdre. Apprendre à perdre, c’est
apprendre que ce n’est pas grave de perdre. Un atout pour sa vie future !
Donner à jouer pour développer la créativité
Donner à jouer consiste à offrir à l’enfant des supports pour lui permettre d’exprimer sa créativité, tout en s’effaçant pour qu’il puisse s’exprimer en toute autonomie. Les legos, les kaplas ou les livres indéchirables pour les plus petits sont des
jouets qui laissent place à l’imagination.
Laisser jouer pour laisser place aux inactivités d’éveil
Laisser jouer, c’est
offrir à l’enfant un espace de liberté sans adulte, éventuellement sans camarade, et sans matériel. On laisse place aux inactivités d’éveil. Comme
Etty Buzin, Jean Epstein prône l’ennui. L’enfant doit pouvoir s’ennuyer et essayer de se sortir de cet ennui par lui-même.
En collectivité, cet espace de liberté est aussi très important. Mais la tendance au sur-aménagement des espaces de jeu et des espaces extérieurs contraint trop souvent l’enfant dans un « jeu dirigé ».
Les jouets manufacturés ou les structures de jeux entrainent souvent la nécessité d’une supervision par un adulte, notamment dans les collectivités. Laisser jouer risque donc de se transformer en faire jouer.
Jouer avec pour partager un moment de plaisir
Jouer avec c’est s’offrir un temps de jeu ensemble. Ce moment devrait être une source de plaisir pour l’enfant comme pour l’adulte.
Ne vous forcez pas à jouer à un jeu qui vous déplait. Essayez plutôt de choisir un jeu qui plait à tous. Dansez, cuisinez, bricolez, en fonction de vos goûts !
L’adulte (parent ou professionnel) n’est plus le meneur de jeu, il est avant tout un joueur, au même titre que l’enfant.
Tous les enfants sont différents !
Certains enfants ont besoin de dormir, d’être seuls, d’autres préfèrent être en groupe… Si un enfant ne joue pas avec les autres, ne vous inquiétez pas, c’est peut être parce qu’il joue à observer !