Les mangas sont donc des bandes dessinées avec ou sans texte. L’image y est prépondérante. Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle image…
Les personnages ont de grands yeux pour renforcer l’expressivité de leur visage. Les visages sont aussi animés par de très nombreuses mimiques exacerbées pour exprimer les ressentis des personnages.
L’utilisation des onomatopées est très importante car beaucoup plus riche dans le langage japonais qu’en français, ce qui rend la traduction des mangas pas toujours évidente. Voilà pourquoi, notre lecture est ponctuée de multiples ARGH, AHHH, HAN… Ces onomatopées permettent d’exprimer des mouvements, des sons, mais aussi le silence, le scintillement…
Une histoire découpée comme un script
L’histoire du manga est liée à celle des dessins animés, leur apparence aussi. Le récit est découpé comme un script, on a l’impression de lire un dessin animé sur papier…
Le manga : un produit marketing ou un genre littéraire ?
Le lectorat des mangas est très segmenté. Il existe de nombreux genres et sous-genres, par exemple les shonen désignent les mangas qui ciblent le public des jeunes garçons, qui regroupent plusieurs sous genres, comme le nekketsu (où le héros traverse un parcours initiatique)… Les shojo pour les filles, les sei.nen pour les jeunes hommes et les josei pour les femmes…
Par ailleurs, les sujets traités par les mangas sont extrêmement variés et dépassent bien largement l'univers des arts martiaux. Il existe par exemple des mangas sportifs (tennis, boxe...), mais aussi des mangas liés à l'univers culinaire, comme par exemple Yakitate Japan! qui raconte l'aventure d'un jeune garçon qui veut créer un pain japonais...
Qui que vous soyez, vous devriez trouver un manga qui s’adresse à vous. Les mangas peuvent-ils pour autant être considérés comme des produits marketing plutôt que comme des œuvres littéraires ?
Mangas pour filles et mangas pour garçons ?
Faut-il s’inquiéter de cette tendance à compartimenter la société par sexe, âge? Toutefois, il serait facile de faire le procès des mangas alors que le reste du monde de l’édition, et en particulier de l’édition pour enfants, répond aussi parfois à des critères marketing bien précis. Dés l’âge de la lecture, les petites filles et les petits garçons sont considérés comme des cibles différentes à qui l’on présente souvent des histoires et univers bien spécifiques…
Mélanie, libraire, explique aussi très justement que garçons et filles s’empruntent leurs mangas respectifs plus ou moins discrètement. Il arrive souvent que les filles lisent des shonen et les garçons se plongent dans les shojo.
Un manga traite d’ailleurs de cette question (Otomen est l'histoire d'un garçon, champion de Kendo qui cache son intérêt pour ce qui passionne les filles). Pour les garçons, ce n’est pas toujours facile d’avouer aux copains qu’on lit « Nana », mais il n’empêche que cette plongée dans l'univers féminin les intéresse. De leur côté les filles apprécient parfois les bagarres et récits initiatiques plutôt calibrés pour les garçons.
La BD, une forme d'art ?
Par ailleurs, on réveille la querelle des anciens et des modernes : la BD peut-elle être considérée comme une forme d’art ?… Une chose est sûre, la créativité est bien présente dans les mangas. On peut les considérer comme un support d’expression à part entière. Les mangakas (dessinateurs de mangas) sont des auteurs en tant que tels. Si leurs dessins répondent à des codes, on apprécie toutefois bien souvent leur qualité graphique.