« Avant de commencer les cours de préparation à l'accouchement, je refusais de penser à ça. J'évitais soigneusement toutes les histoires de salle d'accouchement. Je voulais vivre ma grossesse au jour le jour, j'en avais déjà assez d'être surveillée, observée, pesée et piquée tous les mois. Puis à l'approche du jour J, lorsque je me trouvais avec les autres futures mamans les genoux en l'air à faire semblant de pousser, je me disais encore que rien ne servait de trop me prendre la tête, je saurai bien le faire.
La question de la péridurale, je me la suis quand même posée, j'avais pesé le pour (plus mal dans le meilleur des cas) et le contre (paralysée à vie dans le pire des cas) et j'en étais arrivé à la conclusion que si j'arrivais à tenir, tant mieux, sinon, je la demanderai.
Le jour J ou plutôt les jours J-1 et J sont arrivés, et je n'ai pas été cette femme courageuse et résistante à la douleur que je croyais être.
Après un faux travail, suivi d'un pré-travail, suivi d'un travail très long, deux allers-retours à la maternité et 5 heures de sommeil sur deux jours, je me suis finalement retrouvée complètement paralysée par la douleur. On m'avait parlé des contractions comme des vagues, j'avais plutôt l'impression de rester sur la crête. Je ne me contrôlais plus, je commençais à gémir, à m'agiter dans tous les sens, et surtout à paniquer complètement. Et je n'étais qu'à peine à 2 centimètres de dilatation! J'ai fait un rapide calcul, la sage-femme avait dit 1 cm par heure, il me restait donc 8 heures à tenir. Hors de question. Je me suis cramponnée à ma sonnette et lorsque la sage-femme est venue, elle a immédiatement appelé l'anesthésiste. La péridurale posée en trente secondes (du grand art) je ne pourrai décrire le soulagement qui s'est alors emparé de moi. La méchante douleur était partie, j'étais heureuse, mon mari était à mes côtés, et nous allions avoir un enfant. Je pouvais de nouveau me concentrer sur du positif, et nous avons passé le reste de la nuit avec mon homme à parler de ce que nous vivions. Je crois que lui aussi s'est senti beaucoup plus détendu pour la suite.
A la naissance de notre bébé, même si je ne ressentais physiquement pas grand chose, j'étais là, présente, je l'ai pris contre moi. Récupérer ensuite de la péridurale s'est fait assez vite et j'ai pu mettre mon fils au sein très rapidement. Avec le recul, je veux bien reconnaître que l'accouchement que l'on appelle médicalisé n'est pas naturel, et qu'il ne présente pas que des avantages, mais je ne considère pas avoir vécu un accouchement « au rabais » pour autant. C'est vrai, peut-être qu'un peu plus de préparation de ma part aurait peut-être pu m'aider à tenir le coup. Mais je sais que pour moi, la « nécessité » de la douleur n'a pas été suffisante pour accepter de la supporter. On m'a donné la possibilité de ne pas passer par là et d'avoir quand même un enfant en bonne santé, je l'ai prise et je la reprendrai probablement. Qui sait? »
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