Le point de vue des parents
Quand on écoute les parents, on réalise que la marge de manœuvre des grand-parents est assez étroite. Les enfants (devenus parents) ne partagent pas tous exactement la même idée du rôle que leurs parents (devenus grands-parents) doivent jouer.
Pour Sophie, c’est clair : « je ne souhaite pas que les grands-parents prennent la place des parents. Se lever la nuit pour consoler un enfant qui pleure ou donner le biberon relève de mon rôle de parent. Les grands-parents sont là pour emmener les enfants faire des activités…»
Quand l’ingérence est insupportable, étouffante, les enfants devenus parents décident parfois de prendre le large. Certains jeunes parents ont besoin de mettre de la distance avec leurs propres parents au moment où ils deviennent eux-même parents, probablement pour affirmer leur rôle hors de l’emprise familiale. Cela n’implique pas nécessairement de couper tous les ponts ; il suffit de trouver le distance nécessaire. Ainsi, au moment de la naissance de son premier enfant, Anne qui accouchait loin de sa famille, ne souhaitait pas que sa mère vienne passer un moment auprès d’elle pour l’aider. Mais au bout de quelques mois, quand elle a senti son rôle de mère plus affirmé, elle a accueilli sa propre mère avec plaisir. L’enfant devenu parent n’a pas toujours une relation suffisamment apaisée avec ses parents pour lui permettre d’envisager sereinement leur participation à sa propre vie de parent.
A contrario, il est des parents qui attendent des grands-parents une prise en charge presque totale de leurs petits.
Entre trop d’ingérence, et pas assez d’assistance. La place prise par les grands-parents est rarement considérée comme parfaite. L’équilibre est ténu. Par ailleurs, nous réagissons tous selon des références culturelles, et des traditions familiales qui peuvent être très différentes.
On assiste aussi à des déchirements pour des grands-parents qui se retrouvent isolés de leurs petits-enfants après une dispute avec leurs enfants ou à l’occasion d’une séparation.
Alors, comment trouver un modus vivendi ? Comment ne pas priver les grands-parents et les petits-enfants d’une relation qui peut être si précieuse ? Comment, ne pas être malheureux du faible intérêt que les grands-parents portent à leur descendance ?
Edwige Antier, pédiatre, diplômée en psychopathologie de l’enfant, conseille tout simplement aux petits enfants et à leurs parents de « prendre ce qu’ils [les grands-parents] sont prêts à offrir»*. Si ce n’est pas grand chose, il faut s’en contenter, sans renoncer à nouer un lien, en essayant peut-être de retracer avec eux les origines familiales d’entraîner les grands-parents dans une plongée vers leur enfance.